Mon grand-père Morel était un joueur. Un joueur de tours, mais surtout, un joueur de la vie. C’était lui le vrai motivateur de la famille, un réel champion, mon héros, tout simplement.
Pour ceux qui se souviennent de l’histoire que j’ai partagé en conférence ou ici, c’est lui qui répondait : «Ça va bien, ça va très bien... ça coûte pas plus cher et on se sent tellement mieux», quand on lui demandait comment ça allait. Et ce n’était pas tout rose, croyez-moi. Je le sais car il vivait avec nous, au sous-sol. Et lorsqu’on le complimentait sur son allure, il y allait de celle-ci : «Quand t’es beau, toutte te fait bien!». On rigolait et ça passait.
Mais du jeune ado que j’étais à l’adulte passionné par le comportement humain plus de trente ans plus tard, je me rends bien compte qu’il s’y cache beaucoup plus qu’une vérité d’apparence physique dans sa réplique.
On est beau quand on est bien. Les gens les plus "beaux" sont ceux qui sont foncièrement bien, en paix, sereins, heureux. Avec la joie dans leur cœur, comme on dit. Ils irradient et nous sommes attirés par eux. Mon grand-père choisissait d’aller bien, malgré les circonstances.
On est beau quand on fait ce qu’il se doit. Malgré que nous ayons tous droit à l’erreur et aux rechutes, nous savons quand nous "négocions" avec notre volonté et que nous rabaissons nos standards. Le 15 janvier est la date à laquelle, statistiquement, 95% des gens ont abandonné leurs résolutions. Et la majorité préfère ne pas s’engager à hausser leurs standards personnels, question de ne pas se décevoir soi-même. En tant que barbier entrepreneur et maître d’hôtel les soirs et weekend, champion de courses équestres, père de quatre enfants, sportif jusqu’à la toute fin qui faisait encore 100 push-ups (pompes) par jour, mon grand-père m’a enseigné le travail et l’excellence.
On est beau quand nos intentions sont bonnes. Nous ne sommes pas séparés des autres, contrairement à ce que notre ego peut sembler nous laisser croire. Chaque action naît d’une intention. Et c’est cette dernière qui teinte notre couleur, notre personnalité. Chacune de nos intentions influencera ainsi nos rapports avec notre entourage, en plus d’influencer aussi leur vie. Bien qu’il ne fût pas Mère Teresa, mon grand-père savait édifier l’autre et agir pour le bien commun, à travers son attitude, son humeur et ses mots.
On est beau quand on ne relâche pas. Peu importe notre douleur ou notre souffrance, notre attitude de victime éloignera invariablement tous les membres de notre entourage, garanti. Réjouissez-vous, ayez le moindrement cette étincelle de vie dans votre regard et vos paroles, et le monde entier se réjouira avec vous. C’est avec de petites actions et victoires, jour après jour, que vous retrouverez l’élan et la joie de demeurer debout. Malgré le décès prématuré de son amoureuse de 21 ans sa cadette, mon grand-père pansait ses plaies à vélo et savait demeurer noble mais battant devant le reste du monde.
On est beau quand on est authentique. De plus en plus et de mieux en mieux, nous sommes devenus rébarbatifs à tout ce qui sonne faux. L’être humain moderne a développé un radar d’authenticité. Nous recherchons des gens qui sont davantage branchés sur leur force du cœur que dans leur tête. L’attrait plutôt que la réclame, comme on dit. À l’écouter comment il a évité le front de la deuxième guerre de justesse, ses compétitions de sauts à cheval, ses combats de boxe, ses batailles dans les clubs qu’il gérait, ses rencontres avec Aznavour, Bécaud, Alys Robi, Henri Richard, Jean Béliveau et Maurice Richard... on savait tout de suite que cet homme était "the real deal", authentique.
Alors, la prochaine fois que vous hésitez à savoir quoi porter comme vêtement pour faire bonne impression, dites-vous : «Quand t’es beau, toutte te fait bien!»
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