UN CLONE DE VAILLANCOURT À LA MAIRIE...

Élu vendredi pour succéder à Gilles Vaillancourt, M. Duplessis a promis d’implanter un contrôle plus serré des processus décisionnels à l’Hôtel de Ville. M. Duplessis a remporté la mairie à la suite d’un vote secret tenu parmi les élus lavallois. Il a obtenu l’appui de 15 conseillers contre 3 pour son adversaire, le conseiller Jacques St-Jean. Âgé de 42 ans, M. Duplessis est conseiller municipal du district de Saint-Martin depuis 2005 et comptable agréé de formation.

Il occupe aussi un emploi comme directeur de développement pour l’entreprise EBI-Énergie. M. Duplessis était considéré comme le dauphin de l’ex-maire Gilles Vaillancourt, qui a démissionné dans la tourmente le 9 novembre dernier après un règne de 23 ans. Aussitôt assermenté, le maire a fait savoir qu’une nouvelle ère s’amorçait à l’Hôtel de Ville. Mais d’entrée de jeu, Alexandre Duplessis a tenu à s’expliquer au sujet du rôle joué par les élus dans les différentes controverses qui agitent l’Hôtel de Ville et le parti de l’ex-maire Vaillancourt, le PRO des Lavallois, sabordé lundi dernier.

Il a notamment évoqué la vente, en 2010, d’un terrain pour la somme de 463 000 $ à une entreprise de la famille Rizzuto, qui l’a revendu pour 1,675 million neuf mois plus tard. Membre du comité exécutif, Alexandre Duplessis avait incité ses collègues à donner leur aval au projet lorsque le dossier a été soumis aux élus en 2008.

« Je siège au comité exécutif depuis plusieurs années. Tout comme mes collègues, jamais nous n’avons pu prendre connaissance de telles manipulations, a soutenu M. Duplessis. Avec les informations que je possédais lors de la décision, la transaction était tout à fait normale, réglementaire et correcte. C’est par la suite que nous avons pris connaissance d’informations […] qui n’étaient pas au dossier lorsque j’ai siégé. C’est pourquoi nous avons remis ce dossier à la Sûreté du Québec. […] Je peux vous assurer que tout dossier de même nature qui sera porté à mon attention suivra le même chemin. »

Même les nombreux reportages dans les médias sur l’administration Vaillancourt et sur le PRO des Lavallois au cours des dernières années n’ont pas semblé éveiller de soupçons chez lui. « Aucun indice n’aurait pu me faire croire qu’il y avait quelque chose de pas correct », a-t-il dit lors d’un point de presse.

NOUVEAU RÉGIME?

Le nouveau maire a promis d’instaurer plus de transparence à la Ville. « Nous aurons une approche différente dans la gestion de la ville et les conseillers joueront un rôle beaucoup plus actif », a-t-il expliqué.

M. Duplessis compte aussi mettre en application le plan proposé par le directeur général de la Ville, Gaétan Turbide, pour contrer les manipulations, la collusion et la corruption. Ce plan, dont les détails seront dévoilés dans les prochaines semaines, prévoit des mesures de contrôle à diverses étapes des processus décisionnels. Le maire compte aussi hausser le budget de la vérificatrice générale de la Ville afin de lui permettre de réaliser davantage de mandats.

Le PRO des Lavallois ayant été dissout, les actifs du parti totalisant 950 000 $ seront versés dans les coffres de la Ville de Laval, a assuré M. Duplessis.

MENTOR DÉCHU

Malgré les allégations qui pèsent sur Gilles Vaillancourt, M. Duplessis n’a pas caché son admiration pour son « mentor » : « J’ai été repêché par M. Vaillancourt en 2005. J’ai suivi cette passion qui animait M. Vaillancourt de servir les citoyens. » Le maire entend former son comité exécutif en début de semaine prochaine et présenter le budget de la nouvelle administration le 10 décembre. Les deux partis d’opposition qui ne comptent pas d’élus n’ont pas semblé croire à l’avènement d’un nouveau régime. « C’est un clone de Gilles Vaillancourt, a lancé Emilio Migliozzi, porte-parole du Mouvement lavallois, au sujet d’Alexandre Duplessis. On change la soupe, mais on met les mêmes ingrédients. »

« C’est un cirque qui continue, estime pour sa part Robert Bordeleau, chef du Parti au service du citoyen. Ce n’est pas parce que vous enlevez les patchs d’un motard qu’il n’en est plus un. C’est la continuité de l’ex-régime. »