J’ai déjà écrit à quel point le gouvernement Charest est dangereux. Eh bien si vous me croyez pas, comment réagissez-vous à cette nouvelle d’hier, qui nous a appris que la STM (ma chère Société de transport) va investir 200 M$ (vous avez bien lu) pour équiper ses autobus d’un système de GPS? Paraîtrait-il qu’on veut savoir où se trouvent les autobus en tout temps. Non, mais c’est t’y débile à votre goût? C’est pourquoi je proclame que le gouvernement libéral souffre de bipolarité. Il y a des disfonctionnements graves qui me donnent la chair de poule.

On perd 42 milliards avec la Caisse de dépôt, des centaines de milliers de dollars pour une élection qui n’a pas lieu dans une Commission scolaire, 40 millions pour un autre retard du CHUM, près d’un demi milliard pour l’agrandissement de l’UQAM laissé à l’abandon, et quoi encore. Et là, 200 millions pour les autobus de la STM représentant, si vous sortez votre calculette, 100 000 $ par autobus! Et on n’est pas capable d’installer l’air climatisé pour les passagers dans les autobus, ni dans le métro? Vite qu’on leur passe la camisole de force.

LA VRAIE COMMISSION À CRÉER

Ce long préambule pour vous dire que le vrai travail doit commencer dans un secteur qu’on n’ose jamais évoquer. Le tabou des tabous, dont s’est fait complice tous les gouvernements qui se sont succédés. Et c’est celui de l’administration de l’aide sociale. Vous en connaissez tous plusieurs, des pompons qui font du travail au noir et touchent en complément le fameux BS, seul revenu permanent au Québec. Que complètent les pushers, les danseuses et danseurs nus, les débiles du lobe gauche, les débiles du lobe droit.

L’autre jour, je prenais tranquillement un sandwich aux Cours Mont-Royal. C’est un des rares endroits où les pompons ne viennent pas me quêter du change. Parce que la haute qui va chez Harry Rosen n’aime pas se faire rappeler qu’il y a de la misère en dessous d’elle. Les gardiens de sécurité y sont vigilants. Et mes nerfs s’apaisent un peu à ne pas me faire solliciter au moins dix minutes. Mais comme pour défier la statistique, surgit un gros et grand débile (j’ai pas identifié de quel lobe) qui me demande si j’ai pas un vingt-cinq cennes. Je lui ai dit « T’es sur le BS hein? » Oui, qu’il me répond, parce qu’il a mal au dos. Une des choses les plus difficilement identifiables en médecine. Ils sont un peu nigauds, les profiteurs, mais pas au point d’ignorer les faiblesses de la science.

D’autant plus que des médecins, leurs alliés de toujours, ont la main lourde sur le pad à prescription. « Tu souffre, mon grand? Ta mère te criait trop fort quand t’étais petit? Ce n’est pas grave. Je te mets en arrêt de travail permanent avec une bonne dose de diazépam. Si ça ne va pas, reviens me voir, on va augmenter la dose ». Et c’est comme ça qu’on croise à longueur de journée des gogos qui pourraient travailler comme déménageur au Clan Panneton ou vendre des Popsicle l’été en triporteur. Ben non, c’est trop fatiguant.

IL FAUT MAINTENANT FAIRE CE GRAND MÉNAGE

On ne peut plus vivre au Québec comme avant et entretenir des générations à ne rien faire. Et c’est au niveau politique que ça doit se passer. Ça m’a été confirmé pas plus tard qu’hier, par la directrice du bureau de la Pointe-Saint-Charles du ministère de l’Emploi et de la Solidarité qui baisse les bras, parce que tout est confidentiel, et qui admet du bout des lèvres que le changement doit venir d’en haut. C’est la grande omertà à Québec. Vous ne verrez jamais un parti politique s’en prendre aux profiteurs de l’aide sociale. Tant chez les libéraux que chez les péquistes.

J’ai répondu à madame la directrice que j’en faisais une affaire personnelle et que je me servirais du cas type de mes voisins trafiquants et parasites qui rient à longueur de journées dans l’escalier et qui me toisent de haut. Le gouvernement les laisse faire. Quand Robert Bourassa, qui contrairement à son image de mollesse était un homme dur, a voulu instaurer une escouade de contrôle où chaque mois les prestataires devaient se déplacer au bureau pour aller chercher leur chèque et dire en quoi ils avaient fait des efforts pour se remettre sur le marché du travail, ç’a été un tollé. Tous les organismes gauchistes communautaires se sont levés d’un seul bond pour crier à la dictature et nommer ces agents de contrôle des bouboumacoutes.

Bourassa a été obligé de céder et de mettre fin aux enquêtes. Et quand Mario Dumont est allé dire cette sottise en campagne électorale qu’il allait, une fois élu l’ADQ, remettre le Québec au travail, il  mangé toute une beurrée. On l’a taxé d’extrême-droite. Eh bien moi, Daniel Rolland, je n’ai pas de cote de popularité à aller chercher. J’entreprends dès lors une grande campagne exigeant la tenue d’une vaste enquête sur les allocations d’aide sociale. Une commission parlementaire où les enquêteurs et les médecins viendront nous dire sous serment ce qu’ils font vraiment.

Qu’on cesse de se cacher sous le prétexte de confidentialité. Et s’il manque d’argent, on ira puiser dans le budget de 200 millions pour les GPS et on l’affectera là où ça fait mal, pour reprendre le slogan bien connu. Les conséquences économiques de notre laisser-aller sont colossales. Au lieu d’activer les gens dans des domaines profitables à la collectivité, on les maintient dans un état de pauvreté qui engendre la violence. Le coût social dépasse mais alors, de façon astronomique ce que peuvent coûter les combines de la construction. La guerre aux fraudeurs du BS est lancée.

Les opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de lametropole.com

  Daniel Rolland